27 ans après, que font les restes du Maréchal Mobutu au Maroc ?

27 ans après, que font les restes du Maréchal Mobutu au Maroc ?

Le Maréchal Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga1, couramment abrégé en Mobutu Sese Seko, né Joseph-Désiré Mobutu le 14 octobre 1930 à Lisala (Congo belge) et mort le 7 septembre 1997 à Rabat (Maroc), est un homme d'État, militaire et dictateur zaïrois, ayant gouverné la République démocratique du Congo, ex Zaïre de 1965 à 1997, soit 32 ans de pouvoir. Sur sa tombe, il n’y a ni nom, ni photo, ni épitaphe, tout juste trois initiales MSS entrelacées sur la grille du caveau attestant qu’il s’agit là de la tombe du Président zaïrois, Mobutu, mort en exil.

27 ans après, que font les restes du Maréchal Mobutu au Maroc ?

C’est une question qui mérite d’être posée aujourd’hui. 27 après sa disparition, le corps du Président Mobutu est encore terré dans un cimetière au Royaume du Maroc. Un cimetière qui est devenu lieu touristique, ayant aussi pour visiteurs les congolais qui se plaisent à prendre des photos, comme s’il s’agissait d’un sujet qui leur est étranger. Il est temps de faire le deuil de celui qui aura géré la République démocratique du Congo avec un record de longévité de 32 ans.

Quoi que l’on dise, quoi que l’on pense, ce qu’il est indéniable, c’est que Joseph Désiré Mobutu a incarné pendant un moment le leadership au plus haut niveau de la nation. Des traditions africaines, un chef est sacré, car conduisant la destinée de tout un peuple, il est même le pont entre le visible et l’invisible. Un homme qui a assumé des lourdes fonctions comme celles-là, merite toutes les considérations possibles dignes de son rang. Faire venir la dépouille mortelle de l’homme de Kawele ne serait que faire justice en sa mémoire, mais aussi à sa famille biologique, qui a entamé un deuil depuis 1997, sans pour autant le lever totalement, car les reliques de l’illustre disparu n’a pas encore regagné sa terre natale. Cela, pas parce que ses restes n’existent plus, mais parce qu’ils sont à l’étranger pour des raisons qui ne tiennent plus vraiment la route.

Il est temps que le patriotisme prenne le dessus sur les sentiments que plusieurs observateurs désignent comme subjectifs. La conscience collective congolaise doit être interpelée, dans le sens de mettre en valeur nos symboles historiques, couvrir leur côté sombre, ainsi pour consolider la mémoire collective. Le Maréchal n’est pas aussi démon que ça, pour mériter un tel sort pendant une telle longue période.

On reconnaît quand-même à l’homme de Gbadolité de s’être bâtu pour l’unité nationale de la RDC. Il a aussi légué des infrastructures comme le stade des Martyrs, le Palais du peuple, l’immeuble de la RTNC et bien d’autres. C’est sous son régime que l’étudiant congolais a connu ce qu’on appelle la bourse d’étude. Et ce de manière régulière. Bien qu’il est vrai que sa gestion du pays est perçue de diverses manières à tort ou à raison, dont d’aucun qualifie de dictature. Il est vrai aussi à ce jour que certaines pratiques liées à la dictature sont toujours d’actualité, telles que le » Djalelo « , entendez : culte de personnalité, mais aussi la manière de gérer sans partage les partis politiques, devenus comme des patrimoines familiaux.

Il est à constater la manière avec laquelle toute la nation congolaise a rendu hommage à Étienne Tshisekedi Wa Mulumba, qui le corps était resté deux ans en Belgique avant qu’il ne soit déposé dans son mausolée dans la commune de la N’sele à Kinshasa en 2019. Il en est de même pour Patrice Emery Lumumba, ce père de l’indépendance qui a reçu aussi sa dernière haie d’honneur en juin dernier, parcourant les provinces du Sankuru, de la Tshopo, du Haut Katanga et de Kinshasa où il a été porté en terme le 30 juin après une cérémonie solennelle en présence du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi et de son homologue Denis Sassou Nguesso. Il est plus quetemps de couvrir le côté négatif de ce grand leader de l’espace Équateur, faire émerger les points positifs de son leadership, faire son deuil et qu’il soit inhumé en dignité avec les hommages de la nation. Il est aussi question de réconcilier les congolais à leur histoire, à leur essence.

Texte d'Emille KAYOMBA

Modifié par Adjuvant KRIBIOS-KAUTA


À suivre