6 points importants à savoir sur Yoweri Museveni le président Ougandais

6 points importants à savoir sur Yoweri Museveni le président Ougandais

Yoweri Kaguta Museveni est un homme d'État Ougandais, président de la République depuis 1986. À la veille de ses 77 ans d'âge, malgré la popularité de Bobi Wine, il est réélu en janvier 2021 pour un sixième mandat avec 58,64 % des voix. Il est actuellement l'un des plus anciens dirigeants au pouvoir dans le monde (35 ans).

Voici les six points importants à savoir sur Yoweri Museveni le président Ougandais:

1. Ses origines

Fils d’un riche propriétaire terrien, il appartient au groupe des Banyankolés ; une des ethnies des Himas et Tutsis de la région des Grands Lacs. YOWERI KAGUTA est né le 15 août 1944 à Ntungamo, dans le sud-ouest de l’Ouganda, dans ce qui constitue encore le royaume d’Ankole, intégré au protectorat britannique sur l’Ouganda. Il reçoit le nom de MUSEVENI (de « seven », « sept » en anglais) en hommage au septième bataillon du King's African Rifles, un régiment britannique d’infanterie coloniale au sein duquel ont servi des milliers d’Ougandais pendant la Seconde Guerre mondiale.

2. Son engagement dans l'armée

Élève chez les anglicans à l’école de Ntare, Museveni part faire des études de sciences et d'économie à l’université de Dar es Salaam en Tanzanie de 1967 à 1970. Il se familiarise avec les mouvements nationalistes radicaux et se lie d’amitié avec, entre autres, l’historien guyanien Walter Rodney et John Garang, dont il soutiendra, une fois arrivé au pouvoir, la guérilla au Soudan au sein de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA). À la fac, il préside alors le Front des étudiants africains révolutionnaires (USARF). Sa thèse portait sur Frantz Fanon.

Museveni part ensuite rejoindre les zones libérées par le Front de libération du Mozambique (Frelimo), un mouvement marxisant qui combat le pouvoir colonial portugais, et y apprend les techniques de la guérilla. En 1970, il rentre en Ouganda et intègre l'administration du président Milton Obote, comme membre des services secrets.

3. NRM et NRA

À la suite du coup d'État d’Idi Amin Dada du 25 janvier 1971, il fuit en Tanzanie et fonde son mouvement, le Front for National Salvation (FRONASA, gauche), opposé tant au dictateur Amin Dada qu’à l’ancien président Obote.

Il revient en Ouganda en 1979 à la tête de la guérilla aidée par l’armée Tanzanienne. Idi Amin Dada a en effet fait la faute d’annexer une région de Tanzanie le 30 octobre 1978 lors de la guerre ougando-tanzanienne de 1978-79, conduisant Nyerere à le faire tomber avec l’appui du FRONASA de Museveni.

Celui-ci est alors un personnage populaire, qui devient ministre de la Défense. Mais son parti, le Mouvement patriotique ougandais, est largement battu aux élections (fortement contestées) de 1980, qui ramènent Obote à la tête de l'État. Alléguant un truquage des élections, Museveni se retire dans son fief pour mettre sur pied l’Armée de résistance nationale (NRA). Progressivement, il bâtit à la fois le National Resistance Movement (NRM), aujourd'hui au pouvoir, et sa branche armée, la NRA. Le 29 janvier 1986, la NRA entre dans Kampala et chasse Obote de la présidence.

4. Ses relations avec Paul Kagamé

Kaguta et Kagame sont amis depuis plusieurs longues années. Les deux ont une histoire derrière eux. Le 6 février 1981, Museveni parvient, avec à peine une trentaine d’hommes, dont Paul Kagamé, futur président du Rwanda (qui lutte avec lui tout le long de la guérilla), à s’emparer du stock d’armes de la caserne de Kabamba. Il soutient le Front patriotique rwandais (FPR) de son ami Paul Kagamé, qui prend le pouvoir au Rwanda en juillet 1994, mettant fin au génocide Rwandais.

Lors de la Première Guerre du Congo (1996-97), Museveni et Kagamé soutiennent la guérilla de Laurent-Désiré Kabila qui renverse le dictateur Mobutu, pillant au passage les ressources minières. Après s’être brouillé avec Mzee Kabila, président du Zaïre, rebaptisé Congo, l’armée de Museveni luttera lors de la Deuxième guerre du Congo (1998-2002) avec le Rwanda et les rebelles de Jean-Pierre Bemba contre Kabila père et Kabila fils, mais ce soutien de Museveni aura un prix : ses soldats ne se gêneront pas pour piller les mines de diamants à Kisangani et d’or en Ituri. Yoweri Museveni en tirera un gros profit.

5. Les élections présidentielles en Ouganda

Les élections en Ouganda alimentent toujours la polémique depuis plus de 25 ans déjà. En mai 1996, Museveni remporte la première élection présidentielle à se tenir en 16 ans, avec 74 % des suffrages, l’emportant contre l’ancien ministre et candidat officiel de l’opposition Paul Ssemogerere, ainsi que contre Mohamed Mayanja. Opposé à cinq autres candidats, dont notamment Kizza Besigye, il est réélu en mars 2001 avec 69,3 % des voix. 

En juillet 2005, il fait adopter par le Parlement une modification de la Constitution pour lui permettre de se présenter à la prochaine élection présidentielle afin d’y briguer un troisième mandat. Dans le même temps, un référendum de 2005 en Ouganda autorise à nouveau les candidats aux élections à se présenter sous la bannière d’un parti, ce qui avait été interdit dès 1986, au motif officiel que cela favorisait le sectarisme ethnique. Nombre d’observateurs relient ce référendum aux pressions exercées par les pays donateurs à la suite du raidissement du régime.

Depuis, il a toujours été désigné gagnant des élections qu'il organise. Comme celles du 23 janvier 2006, il est réélu président de la République avec 60 % des voix. Au scrutin du 18 février 2011, il remporte 68 % des suffrages. De nouveau candidat et favori de l’élection présidentielle qui se tient le 18 février 2016, il est déclaré élu par la commission électorale avec 60,75 % des voix contre son principal opposant, Kizza Besigye, crédité de 35,37 % des suffrages.

En juillet 2020, Yoweri Museveni a été officiellement désigné par son parti, le Mouvement national de résistance (NRM), comme son candidat à l'élection présidentielle de janvier 2021 qu'il remporte également avec 58, 64%. Cela après que la Constitution ougandaise soit encore modifiée afin de supprimer la limite d’âge de 75 ans requise pour exercer la fonction de président de la République.

6. L'Ouganda sous Museveni

Depuis 1986 l'année qu’il a pris le pouvoir, Museveni maintient un État militarisé, en s’attachant à restaurer la paix dans un pays meurtri par la guerre civile (il réussit à mettre fin, en 2006, à la guérilla sanguinaire de l'armée de résistance du Seigneur) et à faire redémarrer une économie moribonde. Dès 1987, il abandonne ses principes marxistes et passe un accord avec le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque mondiale, et fait progressivement de l’Ouganda le « bon élève du FMI » en suivant les recommandations de l’institution financière, avec des résultats plutôt positifs.

Dans le droit fil du consensus de Washington, il privatise ainsi l’Uganda Commercial Bank, la « banque du peuple ». « L’Ouganda connaît une croissance moyenne de 6,5 % dans les années 1990, et de plus de 7 % dans les années 2000. Le taux de pauvreté est divisé par trois en l’espace de vingt ans. La « perle de l’Afrique » devient un modèle et un laboratoire des politiques libérales appliquées au continent. » Une classe moyenne se développe. Il établit des quotas pour les femmes au Parlement, qui compte en 2016 plus d’un tiers de députées (de 1994 à 2003, Specioza Kazibwe fut sa vice-présidente). Par ailleurs, il réussit à limiter fortement l’incidence du SIDA dans un pays alors ravagé par l’épidémie. En 1997, il introduit la gratuité de l’école primaire.

@KribiosUniversal 


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