Ce que l'on sait sur l'assassinat de Patrice-Emery Lumumba, héros panafricain.

Ce que l'on sait sur l'assassinat de Patrice-Emery Lumumba, héros panafricain.

L'assassinat de Patrice-Emery Lumumba, Premier Premier ministre de la République démocratique du Congo, a eu lieu pendant les heures tardives dans la nuit du 17 janvier 1961. Personnage emblématique de l'indépendance du Congo Belge (Congo-Léopoldville), Patrice-Emery Lumumba était un nationaliste radical, dans le sens qu’il voulait une indépendance pour le géant Congo qui était concrète, réelle et complète. Selon le sociologue Ludo de Witte: "Il ne faut pas oublier qu’au moment de l’indépendance, l’économie du Congo était complètement aux mains des grandes sociétés coloniales essentiellement belges. Et donc, il voulait une décolonisation complète."Lumumba et Mobutu Ce que l'on sait sur l'assassinat de Patrice Lumumba:

Personnage emblématique de l'indépendance du Congo Belge (Congo-Léopoldville), Patrice-Emery Lumumba était un nationaliste radical, dans le sens qu’il voulait une indépendance pour le géant Congo qui était concrète, réelle et complète. Selon le sociologue Ludo de Witte: "Il ne faut pas oublier qu’au moment de l’indépendance, l’économie du Congo était complètement aux mains des grandes sociétés coloniales essentiellement belges. Et donc, il voulait une décolonisation complète."

Patrice Lumumba s'est battu pour que l'administration et l'armée ne soient plus contrôlées par la Belgique. Après l'accession au pouvoir de Mobutu en septembre 1960, il est emprisonné en décembre. Il est transféré dans la région sessésionniste du Katanga, dont l'armée était encore contrôlée par les belges, où il est exécuté le 17 janvier 1961. Les circonstances exactes de sa mort n'ont pas été élucidées et son corps n'a jamais été retrouvé.

En 2002, la Belgique a reconnu sa responsabilité morale dans cet assassinat et présenté ses excuses. Mais pour Ludo de Witte, ce n'est pas suffisant : "C’est une démonstration du fait qu’une reconnaissance très concrète de la Belgique dans l’affaire est une chose toujours extrêmement difficile. Et je crois que la raison est que la diplomatie belge joue toujours un rôle extrêmement important en Afrique centrale."

L'auteur Ludo de Witte regrette par exemple que le fonds Lumumba proposé par la Belgique, et qui devait promouvoir la démocratie au Congo, n'ait toujours pas été mis en place. Pourtant, le symbole de Lumumba pourrait jouer un rôle à l'avenir : "Pour l’instant, la politisation au Congo est extrêmement faible", rappelle le sociologue. "Lumumba est bien connu dans des milieux intellectuels, mais la masse de la population essaie de survivre. Mais je crois que dès qu’il y aura une politisation, l’exemple de Lumumba et son nationalisme va être repéré par les politiciens."

Des enfants de Patrice Lumumba ont déposé une plainte en 2011 devant la justice belge, contre d'anciens responsables belges de l’époque coloniale. Leur plainte a été jugée recevable mais les divergences entre les héritiers, la Belgique et les autorités congolaises ont provoqué de multiples reports de ce procès.

Récit (septembre 1960-janvier 1961)

Kasavubu et Lumumba Tout commence le 4 septembre 1960, lorsque le président Joseph Kasa-Vubu annonce à la radio la révocation de Lumumba ainsi que des ministres nationalistes, alors qu'il n'en a constitutionnellement pas le droit ; il le remplace le lendemain matin par Joseph Ileo. Kasa-Vubu blâme publiquement Lumumba pour le massacre de milliers de personnes par les forces armées lors de l'invasion du Sud-Kasaï en août et pour l'implication soviétique dans le pays. Toutefois, Lumumba déclare qu’il restera en fonction ; le Conseil des ministres et le Parlement lui votent une motion de maintien et, à son tour, Lumumba révoque le président Kasa-Vubu, sous l'accusation de haute-trahison. De plus, il appelle à Léopoldville une partie des troupes de l'Armée nationale congolaise (ANC) stationnées à Stanleyville et au Kasaï.

Cependant, un coup d'État soutenu par la CIA éclate à Léopoldville par lequel le Colonel Joseph Désiré Mobutu prend le pouvoir. Le nouveau régime militaire reçoit le soutien même de Kasa-Vubu et de l'ONU. Mobutu crée immédiatement le Collège des commissaires généraux composé de Noirs compétents dans divers domaines, transports, économie, politique, etc. chargés de gérer au plus pressé une situation chaotique.

Dans le même temps, le 10 octobre, Mobutu assigne à résidence Lumumba, Ileo et leurs ministres. Mais Lumumba fait passer en secret un mot d'ordre demandant à ses amis politiques de le rejoindre à Stanleyville, où ils établissent un gouvernement clandestin dirigé par Antoine Gizenga. Le 27 novembre, Lumumba s'échappe avec sa famille de la résidence Tilkens, à Kalina, et tente de gagner Stanleyville avec une petite escorte à bord de sa Chevrolet. Son évasion n'est découverte que trois jours plus tard. Grâce à cette avance, persuadé d'avoir réussi à échapper à ses ennemis, il harangue ses partisans sur son passage, ce qui lui fait perdre du temps et permet au major congolais Gilbert Mpongo, officier de liaison du service de renseignements, de le retrouver pour essayer de l'arrêter. Après un premier échec à Port-Francqui le 1er décembre, Mpongo réussit d'arrêter Lumumba à Lodi, dans le district de la Sankuru. Il est ensuite ramené à Mweka, où il est embarqué à bord d'un avion vers Léopoldville, d'où il est transféré au camp militaire Hardy de Thysville. Il se trouve alors sous la garde des hommes de Louis Bobozo, un militaire congolais, ancien de l'offensive belge de 1941 contre les Italiens d'Abyssinie, qui a la confiance de ceux qui croient pouvoir ramener le calme. Mobutu explique que Lumumba ferait face à des accusations d'incitation de l'armée à la rébellion et à d'autres crimes.

Le secrétaire général des Nations unies, Dag Hammarskjöld appelle le gouvernement de Léopoldville à accorder à Lumumba un procès équitable. L'URSS accuse Hammarskjöld et l'Occident d'être responsables de la détention de Lumumba et exige sa libération. Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunit le 7 décembre pour discuter des demandes soviétiques. Aussi, que l'ONU obtienne la libération immédiate de Lumumba, que Lumumba soit réintégré dans ses fonctions, que les troupes de Mobutu soient désarmées et que tous les Belges soient immédiatement évacués du Congo. Le représentant soviétique Valerian Zorin refuse de se conformer à la demande des États-Unis d'Amérique de se déclarer inapte à la présidence du Conseil de sécurité au cours du débat. Le secrétaire général Dag Hammarskjöld déclare - en réponse aux critiques soviétiques de ses opérations au Congo - que si les troupes de l'ONU étaient retirées du Congo : « Je crains que tout ne s'effondre ».

En réponse à un rapport de l'ONU, selon lequel Lumumba avait été maltraité par ses gardes, ses partisans menacent le 9 décembre que tous les Belges soient arrêtés et certains d'entre eux décapités à moins que Lumumba ne soit libéré dans les 48 heures.

La menace pesant sur le dossier de l'ONU est aggravée par les annonces de retrait de leurs troupes stationnées au Congo. Elle concerne l'ex-Yougoslavie, la République arabe unie, Ceylan, l'Indonésie, le Maroc et la Guinée. La résolution pro-Lumumba proposée par les Soviétiques est rejetée le 14 décembre par 8 voix contre 2. Le même jour, l'Union soviétique oppose son veto à une résolution occidentale qui donnerait à Hammarskjöld plus de pouvoir sur la situation au Congo.

L'exécution

Tout d'abord, le transfert de Lumumba et de ses partisans au fort de Shinkakasa, à Boma, est envisagé. Mais, le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba et deux de ses partisans, Maurice Mpolo et Joseph Okito, sont conduits par avion (DC 4) à Élisabethville, au Katanga. Ils sont emmenés de la prison militaire de Thysstad près de Léopoldville vers une prison « plus sûre » livrés aux autorités locales (alors ses ennemis jurés dont le plus pire Moïse Tshombé). Lumumba, Mpolo et Okito seront conduits sous escorte militaire dans une petite maison, où ils seront ligotés, humiliés et torturés par des responsables katangais, dont Moïse Tshombé, Godefroid Munongo, Évariste Kimba, Kibwe, Kitenge, mais aussi les Belges Gat et Vercheure. Ils seront ensuite fusillés le soir même (vers 22 h 4524) par des soldats sous le commandement d’un officier belge.

Des rapports ont révélé que Lumumba et ses codétenus, Maurice Mpolo et Joseph Okito, auraient été maltraités par la police provinciale à leur arrivée dans la province rebelle du Katanga. Cette même nuit, Lumumba et ses deux compagnons auraient été exécutés dans des circonstances jamais pleinement élucidées. Dans son livre Le meurtre de Patrice Lumumba (1999), l'auteur Ludo De Witte affirme que le commissaire de police belge Frans Verschile conduit les prisonniers jusqu'à leur lieu d'exécution. Le policier Julien Gat ordonne aux militaires de tirer. Son corps n'a jamais été retrouvé et aurait été dissous dans 200 litres d'acide sulfurique par Gérard Soete en 1961. Une dent dorée, supposée appartenir à Patrice Lumumba est conservée au palais de justice de Bruxelles.

Manifestation internationale, Lumumba, héros panafricain

L'annonce du meurtre du 10 février 1961, attribué à des « villageois », a déclenché des protestations internationales devant les ambassades belges. Des violences ont éclaté en Yougoslavie, en Pologne et en Égypte : à Belgrade, des manifestants ont défoncé l'intérieur de l'ambassade ; à Varsovie, ils ont maltraité le personnel ; et au Caire, ils ont incendié l'ambassade. La Belgique a demandé une compensation et lorsque Nasser refuse, elle rompt ses relations diplomatiques avec l'Égypte.

Patrice Lumumba est né le 2 juillet 1925, il a été assassiné six mois à peine après l'accession de son pays à l'indépendance. Le 2 juillet 2025, Patrice Lumumba aurait eu 100 ans. Aujourd'hui encore, le chef du premier gouvernement du Congo post-colonial est toujours présent dans la mémoire collective, en RDC et en Afrique.

Recherches ultérieures

Ludo De Witte a écrit dans son livre Le Meurtre de Lumumba (1999) les conclusions de son enquête, qui en Belgique a donné lieu à une judiciarisation de l'ensemble de l'affaire par le gouvernement.

En février 2002, le gouvernement belge reconnait avoir eu « une responsabilité indéniable dans les événements qui ont conduit à la mort de Lumumba », bien qu'il n'ait pas voulu assumer l'entière responsabilité. La commission d'enquête parlementaire, assistée des experts Emmanuel Gérard, Luc De Vos, Jules Gérard Libois et Philippe Raxhon, constate qu'un certain nombre de personnalités belges ont joué un rôle (direct ou indirect) dans l'assassinat de Lumumba. Cependant, aucune preuve n'est trouvée indiquant que le meurtre a été ordonné par les autorités belges.

En juillet 2002, des documents sont publiés par les États-Unis, révélant le rôle de la CIA dans l'assassinat de Lumumba. La CIA aurait soutenu financièrement les opposants à Lumumba, en plus d'un soutien politique, et dans le cas de Mobutu avec des armes et un entraînement militaire. Il est aussi dit qu'un meurtrier de la CIA s'est donné pour mission d'empoisonner Lumumba. Il aurait cependant jeté ses armes dans la rivière sans commettre le meurtre. Lumumba est finalement exécuté par des séparatistes katangais.

Le lendemain, une opération est menée par des agents secrets belges pour faire disparaître dans l'acide les restes des victimes découpées auparavant en morceaux. Plusieurs des partisans de Lumumba seront exécutés dans les jours qui vont suivre, avec la participation de militaires ou mercenaires belges. Tshombé lance alors la rumeur selon laquelle Lumumba aurait été assassiné par des villageois. Ceci déclenche une insurrection parmi la population paysanne, qui prend les armes sous la direction de Pierre Mulele, ancien ministre de l'Éducation, au cri de « À Lumumba » ou « Mulele Mai » ; les paysans conquièrent près de 70 % du Congo avant d'être écrasés par l'armée de Mobutu, soutenue par la Belgique et des mercenaires sud-africains.

En 2016, une dent est saisie dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet fédéral belge sur la mort de Patrice Lumumba. Le 9 septembre 2020, le juge d'instruction décide que la dent peut être restituée à la famille.

Funérailles

En juin 2022, la dépouille de Patrice Lumumba, constituée uniquement d'une dent, est remise par le premier ministre belge Alexander De Croo aux autorités de la république démocratique du Congo. Elle est ensuite rapatriée en RDC et exposée dans différentes régions du pays avant d'être placée dans un mausolée construit à cet effet à Kinshasa.

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À suivre