Gervais Paluku Vikwire alias « Quatre langues », un chansonnier dans les oubliettes ? (Reportage)

Gervais Paluku Vikwire alias « Quatre langues », un chansonnier dans les oubliettes ? (Reportage)

« Quatre langues en voyage », est un artiste musicien congolais Nord-Kivutien. Son rythme musical est le folk. Nombreux de ses titres ont connu du succès au Kivu. Le cas de « Kalume Tund’amuliro, Omuranyane ni Kakeleya,.. ». Son sobriquet de « Quatre langues », est une émanation de son usage, du Kinande, Swahili, Français et Lingala dans ses compositions. Aux années 2014-2015 voire 2016, ce griot a attiré l’attention de nombreux mélomanes et mécènes en ville de Butembo, territoires de Beni, Lubero et dans d’autres parties de l’Est de la RDC. De ce succès, ce chansonnier est totalement absent de la scène musicale.

Où est-il ? quelle vie mène-t-il ? et pourquoi sa renonciation à la musique ?

Gervais Paluku Vikwire, connu sous le sobriquet de « Quatre langues en voyage », s’est décidé de continuer sa vie de père de famille à Kitakongo, village situé à près d’un Km du Centre d’adaptation et de production des semences améliorées (CAPSA) de Luhutu, une localité du territoire de Lubero, au Nord-Kivu.

Il y vit avec sa femme, très reconnue au surnom de « femme noire ». « Quatre langues en voyage », demeure dans une vague de passions, il ne sait pas poursuivre sa carrière musicale. Il regrette avoir été exploité. Pour lui, sa musique chantée avec signification, c’est-à-dire avec un message précis, a plus profitée aux autres.

« J’ai participé à plusieurs événements, des concerts. Quand j’ai produit mes premières chansons, les gens les ont multipliés sans que je ne le sache, et ils les vendaient ça et là. Je ne recevais rien. Même ailleurs comme à Kasindi, quand j’essaie d’y organiser un concert, les percepteurs des frais des billets les détournent. D’autres gens m’avaient encore appelé à Oicha pour un concert, la concession où on était pleine des personnes, mais on m’avait fait seulement 50 dollars alors qu’ils avaient gagné beaucoup d’argent, c’est pourquoi j’ai abandonné la musique juste pour éviter de me faire exploiter » a confié le griot.

Après cette déception en musique, dans une carrière qui semblait pourtant réussie et promettante, le compositeur du titre « Erivere lya Masika » se sent attaché à son village. Il doit tourner la page et ne compter que sur un métier de sa jeunesse, la menuiserie.

Il confectionne des petites tables, des étagères ainsi que des cages. Il vit de ce métier, bien que moins rentable.

« Vous voyez ces traces de scie, que ça soient des planches archaïques (Vikanda), c’est moi que les scie. Il y en a beaucoup ici, je les scie l’une après l’autre et quand je réalise une petite table ou une cage, je trouve un client qui va me faire de l’argent, je trouve que ça va » dit-il.

A part ce métier, « Quatre langues en voyage », fait aussi un bon amuseur de son village. Il est également présent, avec sa guitare, dans certains débits de boisson. En y jouant sa musique, le folk, il se rafraîchit la gorge. Il est bien réputé dans ces endroits, où il semble mieux rebobiner les souvenirs de ses tubes.

Toutefois, Gervais Paluku Vikwira alias « Quatre langes en voyage » croit toujours revenir à ses premiers succès. Ce chansonnier, griot et amuseur reste convaincu qu’il lui faut un nouveau sponsor, sincère et soucieux de promouvoir sa musique.

A ce stade, il dit souhaiter le sponsoring d’un mécène de bonne foi. Sinon, sa passion de chanter n’a pas sommeillé.

« Même maintenant si vous avez un sponsor là-bas qui peut mettre son argent en jeu et se donner à moi, je vais produire des chansons. Il doit accepter qu’on gagne avec lui. J’ai beaucoup de chansons que vous n’avez jamais entendu », renchérit le célèbre griot » rassure « Quatre langues en voyage ».  

Notons que le célèbre « Quatre langues », âgé de 73 ans, est père de 12 enfants. Il est natif du village Ndeko, situé dans les encablures de son village actuel de Kitakongo, dans la localité de Luhutu. C’est dans ce même village où il a fait ses études jusqu’en cinquième primaire, suite à un problème de santé, lié aux maux d’yeux.

Par Didy Vitava/Agora Grands-Lacs

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