Oliver N’Goma : 12 ans après sa mort, regard sur ce grand crooner africain

Oliver N’Goma : 12 ans après sa mort, regard sur ce grand crooner africain

Il fut l’un des fondateurs de l’afro-zouk, le grand crooner africain, Oliver N'Goma s’en est allé un certain 7 juin 2010. L'Afrique et le Gabon ont perdu l'un des meilleurs chanteurs du continent noir. Il avait 51 ans quand il souffre d’une insuffisance rénale. Il avait un talent incontestable pour faire danser. Sa cote de popularité a atteint des sommets en 1990 avec le titre « Bané », l’un des morceaux fondateurs de l’afro-zouk.

Né à Mayumba, dans le sud du Gabon, le 23 mars 1959, Son père, joueur d'harmonium, l'initie dès l'âge de huit ans à la musique. En 1971, sa famille quitte Mayumba pour Libreville. Oliver y fait des études de comptabilité au lycée technique de Libreville, où il devient guitariste de Capo Sound, l'orchestre du lycée.

Les études de comptabilité ne le passionnant guère, Oliver préfère se consacrer à ses deux passions que sont le cinéma et la musique. Ainsi, il commencera par collectionner des instruments de musique, et se bricoler un petit home studio. En parallèle, il est engagé comme cadreur par la deuxième chaîne de télévision gabonaise (RTG 2).

Noli (Olivier N’Goma) a 26 ans lorsque Kassav’, inventeur du zouk, pose pour la première fois les pieds en Afrique. Le passage du groupe va marquer profondément le paysage musical du continent. De l’Angola à la Côte d’Ivoire, du Togo au Niger et du Burkina Faso au Gabon, il remplit les stades. L’enthousiasme se répand comme une traînée de poudre et, à l’instar de Bob Marley quelques années plus tôt, les « ambianceurs » antillais allument des rêves dans la tête des musiciens. Nombreux sont ceux qui vont mordre avec gourmandise dans ce gâteau prometteur, dont le public semble particulièrement friand. L’Ivoirienne Monique Seka, surnommée la « princesse de l’afro-zouk », s’accroche au sommet des hit-parades avec « Missounwa » en 1989.

Oliver N’GOMA est un artiste qui a pu cuisiner le zouk à l'africaine.

Dans le même registre, le plébiscite sera encore plus fort pour Oliver N’Goma et son titre « Bané », le tube africain de l’année 1990. Un hit auquel il est impossible d’échapper à l’époque, que ce soit sur les ondes ou dans les discothèques d’Afrique, de France métropolitaine ou des Antilles. Devenu une référence de la musique qui fait du bien, « Bané » continue aujourd’hui de tourner dans les soirées et fait figure de repère dans l’histoire de la musique africaine des cinquante dernières années, au même titre que « Mario », de Franco, ou « Brigadier Sabari », d’Alpha Blondy.

Derrière ce phénoménal succès du zouk « cuisiné à l’africaine », popularisé par Monique Seka et Oliver N’Goma, on trouve le même producteur, bien connu dans le monde des musiques africaines (Baaba Maal, Ismaël Lo, Pépé Kallé, Super Diamono…), le Cap-Verdien Manu Lima, qu’Oliver N’Goma, alors caméraman pour la deuxième chaîne de la TV gabonaise (l’image était sa passion, avec la musique), rencontre au cours d’un stage de formation, à Paris, en 1988.

« Manu Lima, l’ancien leader du Cabo Verde Show, a parfaitement compris la symbiose entre les rythmes africains, le zouk et l’influence du Cap-Vert », commente François Post, responsable d’édition chez Lusafrica, la maison de disques de Cesaria Evora et d’OIiver N’Goma, qui y signera, après « Bané », trois albums, Adia (1995), Seva (2001) et Saga (2006). Toujours en activité à la télévision gabonaise, où il occupait un poste de directeur, Oliver N’Goma s’apprêtait à retourner en studio pour enregistrer un nouvel album. Sa disparition intervient quelques jours seulement après son retour dans l’actualité au Gabon, avec la sortie d’un portrait-documentaire réalisé par René Sousatte, Oliver N’Goma le crooner, et celle d’un ouvrage signé Sylvain Nzamba, Oliver N’Goma, artiste sentimental et moraliste.

Par Adjuvant KRIBIOS-KAUTA


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