Patriarche de la rumba congolaise, Coup d'œil sur la carrière exceptionnelle et l'héritage culturel du doyen Jeannot Bombenga.
Monument de la musique congolaise, figure emblématique de la rumba et témoin vivant de l’évolution artistique du pays depuis l'époque du Congo Belge, Jeannot Bombenga Wewando est un auteur-compositeur, arrangeur, producteur et excellent vocaliste congolais. Guitariste de talents, il popularise auprès du grand public le "Mongo", une des langues congolaises peu utilisée dans la rumba congolaise, contrairement au lingala... Il a côtoyé les plus grands : Franco, Grand Kallé, Rochereau, mais a su garder une identité propre, marquée par la discipline orchestrale et des textes profonds. Le Fondateur du célèbre groupe « Vox Africa » incarne à lui seul l’élégance, la rigueur musicale et l’enracinement culturel. Sa musique reste un outil de mémoire, d’éducation et de résistance pour la jeunesse congolaise. Coup d'œil sur la carrière exceptionnelle et l'héritage culturel du doyen Jeannot Bombenga.
Jeannot Bombenga Wewando vient au monde des humains le 25 août 1934 dans la province de l’Equateur, au Nord-ouest du Congo Belge (actuelle République Démocratique du Congo). Ancien batelier à l’instar de son prédécesseur Wendo Kolosoy et passionné de musique, Jeannot Bombenga commence à s’intéresser à la musique à l’âge de 23 ans en 1957. Il intègre alors l’orchestre Jazz Africa, aux côtés du clarinettiste Edo Clary. Après sa dislocation en 1959, Jeannot fonde le groupe Vox Africa avec Franklin Boukaka (du Congo Français).
Vox Africa, qui signifie « La voix de l’Afrique », devient rapidement un groupe remarquable avec la participation des jeunes autres artistes de Leopoldville. Mais, par la suite, il rejoint l’orchestre le plus populaire de l’époque, l’African Jazz, l’orchestre de rumba congolaise et de cha-cha-cha de Joseph Kabasélé dit Grand Kallé devenu son maître.
En 1964, Jeannot Bombenga fausse compagnie à son mentor Joseph Kabasélé pour voler de ses propres ailes en ressuscitant son orchestre emblématique Vox Africa. C’est ainsi que cette formation reçoit en son sein de nombreux artistes, dont Sam Mangwana (1967), Ntesa Dalienst (1967-1968), Marcel Loko Massengo dit Djeskain (jusqu’en 1970), Antoine Nedule Monswest dit Papa Noël (jusqu’en 1968), ou encore Seyo Souza dit Souzy Kasseya (1968-1973) et bien d'autres.
Jeannot Bombenga s’illustre par une musique alliant la tradition congolaise, les influences cubaines et l’engagement social. Il est notamment connu pour ses chansons » Lolango, Mado, Bébé ya Jeannot et Mobali ya mbuke » ou encore » Marie Hélène », titres devenus des classiques. Plein d’ardeur et de motivation, Vox Africa remporte au mois d’août 1967, le 2° Prix du Concours National de la Chanson, dédié à la Conférence de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) qui s’est tenue la même année à Kinshasa (République Démocratique du Congo).
Jeannot Bombenga va faire booster considérablement la rumba congolaise en y injectant du rock et en revisitant des classiques de la musique congolaise. Mais, comme bon nombre de groupes musicaux des années 1960, Vox Africa n’échappera pas aux démons de la division dans les années 1970. Néanmoins, il va continuer à briller avec des nouvelles recrues.
Malgré son âge avancé, il reste un symbole de cohérence artistique et de transmission culturelle. Plusieurs générations d’artistes le reconnaissent comme maître, modèle et patriarche de la rumba. Il est l'ambassadeur de la musique, dont le parcours dépasse les frontières du Congo. Sa longévité artistique et humaine est un patrimoine vivant qui a fait que son nom reste gravé à jamais dans l’histoire culturelle de l’Afrique.
Au regard de sa fulgurance dans la belle épopée sur l’arène musicale congolaise, Bombenga reste réputé comme l’un des piliers de la rumba congolaise, chanteur et compositeur très prolixe. A son actif, plus de deux cent cinquante chansons ont connu un grand succès sur le marché musical congolais et mondial. Après plus de 60 ans de carrière musicale, fatigué par le poids de l’âge et terrassé par la maladie, Jeannot Lolango a mis fin à sa carrière en 2019 à l’issue d’un concert d'adieu.
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À suivre